Les incidents liés à des régulateurs de vitesse bloqués pourraient provenir de défaillances techniques liées au système d'aide au freinage d'urgence ou à des perturbations électromagnétiques, estime le mensuel Auto-Moto dans une enquête publiée dans son numéro de mai.
"Techniquement, l'emballement ou le blocage du régulateur est possible", écrit la revue spécialisée, qui lance deux pistes d'explication : un dysfonctionnement du système d'aide au freinage d'urgence ou encore de possibles perturbations électromagnétiques.
Ces deux hypothèses ne sont pas avérées, a réagi lundi le constructeur Renault qui a réaffirmé n'avoir "jamais exclu l'éventualité d'une défaillance technique", tout en maintenant qu'"il y a toujours une possibilité d'arrêter le véhicule".
Le régulateur de vitesse équipant les véhicules Renault -- Vel Satis, Clio, Laguna, Scénic, Mégane -- exploite les informations fournies par le système d'aide au freinage d'urgence ESP-ABS qui permet notamment d'éviter le blocage des roues et le dérapage de la voiture. Or, si l'ensemble ESP-ABS, capable d'agir sur les freins, envoie une information erronée au régulateur, celui-ci n'est pas capable de la contrôler ni de la corriger, écrit Auto-Moto.
"Ce n'est pas une explication que l'on retient", a indiqué à l'AFP Yann Vincent, directeur de la qualité chez Renault.
"Il y a un capteur de vitesse par roue, donc 4 pour la voiture", a-t-il expliqué, précisant que ce système avait été mis en place lors du développement de l'ABS pour constater d'éventuels écarts de vitesse entre les roues et permettre au système anti-blocage de jouer son rôle en cas de freinage brutal.
Or, "si un seul de ces 4 capteurs est défaillant, cela est détecté au niveau du calculateur ABS et cela déconnecte automatiquement l'ABS et le régulateur, s'il est branché. Le système comprend qu'il y a un problème dont il ignore la cause, et revient à un mode de freinage conventionnel", a-t-il ajouté.
Le journal Auto-Moto émet également l'hypothèse de perturbations électromagnétiques sur le régulateur de vitesse, provoquées par les ondes des téléphones portables ou des radars automatiques.
Renault assure cependant avoir vérifié ce scénario avant de commercialiser ses voitures.
"Les fonctions liées à la sécurité comme le freinage ou le contrôle du moteur doivent ré
à un champ électromagnétique d'au moins 30 volts par mètre", selon une directive européenne, a indiqué M. Vincent.
Or "la très grande majorité des émetteurs sont inférieurs à 10 volts par mètre, un téléphone émet des ondes de moins de 6 volts par mètre, les cabines radars c'est un volt par mètre", a-t-il fait valoir.
"Sur nos véhicules chacun des composants électroniques est testé sous un champ électromagnétique de 100 volts par mètre", a-t-il ajouté.
"On est très largement au delà de ce que la directive européenne réclame et de ce que la réalité des champs électromagnétiques en France permet d'atteindre", a-t-il conclu.
Des témoignages sur des "pannes" du régulateur de vitesse se sont multipliés en France depuis le premier incident sur une Vel Satis de l'automne 2004, et plusieurs expertises ont été commandées par la justice, mais les pannes n'ont encore été expliquées par aucun expert et Renault défend la parfaite fiabilité de son système.